COMMUNIQUÉ DE PRESSE : RAPPORT INTERMÉDIAIRE DE L’EXAMEN D’EXPERTS SUR LA DETTE, LA NATURE ET LE CLIMAT

Publié le : 23.10.24

Par: Mai-Linh Florentin, 

Les pays en développement face au « cercle vicieux » du changement climatique et de la dette

  • L'aggravation des chocs climatiques oblige les pays à emprunter pour financer la reconstruction liée aux catastrophes naturelles, conduisant à un « cercle vicieux » d’endettement.
  • À mesure que leur dette augmente et devient plus coûteuse, les pays sont incapables d'investir dans la résilience climatique, la conservation de la nature et la transition vers des économies à faible émission de carbone, augmentant ainsi encore davantage leur vulnérabilité.
  • Les cadres de viabilité de la dette (CVD) utilisés par la Banque mondiale et le Fonds monétaire international ne prennent pas correctement en compte le lien entre la dette, le climat et la nature. Il est impératif de les réformer.

Un nouveau Rapport commandité par les gouvernements de la Colombie, du Kenya, de la France et de l'Allemagne met en évidence les effets dévastateurs du fardeau de la dette pour de nombreux pays vulnérables à faible revenu. Le Rapport d'Experts sur la Dette, la Nature et le Climat révèle comment l’insoutenable fardeau de la dette, la perte de la nature et l'intensification du changement climatique se conjuguent en une « triple crise » aux effets dévastateurs.

Les pays les plus exposés au changement climatique et à la perte de la nature doivent emprunter davantage pour financer leur réponse aux catastrophes, la reconstruction et l'adaptation au climat. Les chocs et les pressions environnementaux limitent alors la croissance économique et les recettes publiques, réduisant la capacité des pays à assurer le service de la dette et en augmentant les taux d'intérêt auxquels ils sont confrontés. La capacité d'un pays à investir dans un développement respectueux du climat et de la nature s'en trouve d'autant plus compromise. Ce cercle vicieux signifie qu'il n'est pas possible de s'attaquer à la crise climatique sans résoudre celle de la dette.

Le Rapport affirme qu'un « cercle vertueux » de croissance durable et inclusive sur le plan environnemental est possible, à condition qu’une politique nationale forte soit accompagnée d'un soutien financier international.

Le Rapport analyse comment la pandémie de Covid 19, l'inflation des prix des carburants et des denrées alimentaires, le renforcement du dollar américain et la flambée des taux d'intérêt ont exposé de nombreux pays à un risque élevé de « surendettement », soit l'incapacité de rembourser leurs dettes, alors même que les phénomènes météorologiques extrêmes deviennent plus fréquents et plus graves.

Le Rapport souligne que les « cadres de viabilité de la dette » utilisés par la Banque mondiale et le FMI pour évaluer la soutenabilité de la dette souveraine ne tiennent pas suffisamment compte des liens entre la dette, le climat et la perte de la nature. Il formule une série de recommandations en vue de leur réforme.

Le Rapport d'experts a été établi pour catalyser une réponse à la triple crise. Ce Rapport intérimaire fournit un diagnostic de l'ampleur des problèmes dans l'espoir d'établir une plus grande collaboration internationale et formuler des solutions. Le Rapport final sera publié au printemps 2025 et fournira une série de recommandations pour rendre la dette plus durable, tant sur le plan fiscal qu'environnemental.

Vera Songwe, ancienne Secrétaire générale adjointe des Nations unies et Co-Présidente de la Revue d'Experts, a déclaré : « De nombreux pays à revenu faible ou intermédiaire sont confrontés à une « triple crise » dont ils ne sont pas responsables, les taux d'intérêt mondiaux élevés venant s'ajouter aux effets de plus en plus graves du climat et à la perte de la nature. À moins que la communauté internationale ne prenne collectivement des mesures pour y remédier, les pays ne seront pas en mesure de poursuivre la croissance résiliente au climat, à faible émission de carbone et positive pour la nature dont ils ont besoin - et dont ils sont capables. »

Moritz Kraemer, ancien responsable mondial de la notation chez S&P Global et Co-Président de la Revue d'Experts, a déclaré : « Étant donné l'impact économique croissant du changement climatique et de la perte de la nature, il est primordial que le FMI et la Banque mondiale revoient la manière dont ils évaluent la viabilité de la dette des pays. Nous espérons que notre rapport les y aidera ».

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CONTACT:

Pour toute demande d'interview ou d’informations, veuillez contacter Mai-Linh Florentin, Directrice de la Communication du Finance for Development Lab : florentin@findevlab.org

 

NOTES AUX JOURNALISTES:

Qu'est-ce que le « cercle vicieux » ?

Comment les crises climatiques et naturelles peuvent-elles affecter la crise de la dette ?

  • Augmentation des emprunts pour financer la réponse aux catastrophes et la reconstruction.
  • Augmentation des emprunts pour faire face aux coûts initiaux plus élevés associés aux politiques de développement favorisant le climat et la nature.
  • Les chocs et les tensions limitent la croissance économique et les recettes publiques, et réduisent donc la capacité à assurer le service de la dette.
  • Des coûts d'emprunt plus élevés en raison de l'augmentation des risques liés au climat et à la nature, de l'alourdissement du fardeau de la dette et du ralentissement des taux de croissance.

Comment la crise de la dette affecte les crises liées au climat et à la nature :

  • Un service de la dette plus élevé réduit la marge de manœuvre budgétaire pour l'investissement dans la nature et l'action climatique.
  • Un service de la dette plus élevé augmente le profil de risque de crédit des pays, ce qui rend l'emprunt plus coûteux pour les investissements dans la nature et l'action climatique.
  • Des coûts de financement plus élevés réduisent la viabilité des mesures à forte intensité de capital en faveur du climat et de la nature.
  • Un service de la dette plus élevé crée des incitations et des exigences pour une extraction accrue des ressources.

À propos de la Revue d'Experts sur la Dette, la Nature et le Climat

La Revue a été mise en place par les gouvernements de la Colombie, du Kenya, de la France et de l'Allemagne afin d'évaluer l’impact, les relations, et les politiques relatives à la dette souveraine, le climat et la nature.

Elle est menée par un groupe d'experts indépendants (GEI) coprésidé par Vera Songwe, ancienne secrétaire générale adjointe des Nations unies, et Moritz Kraemer, économiste en chef de la banque LBBW et ancien responsable mondial de la notation de S&P Global (anciennement Standard and Poor's). Issus à la fois des pays développés et des pays en développement, les membres du GEI possèdent une expertise et une expérience provenant des gouvernements des pays emprunteurs et créanciers, des institutions financières internationales, du secteur privé, du monde universitaire et de la société civile.

La Revue est soutenue par un secrétariat composé de quatre instituts de recherche indépendants : la Commission économique des Nations unies pour l'Amérique latine (basée à Santiago du Chili), l'ODI (basé à Londres, au Royaume-Uni), le Finance for Development Lab hébergé au sein de l’École d’Économie de Paris (basé à Paris, en France) et l'Africa Centre for Economic Transformation (basé à Accra, au Ghana).