CLIMAT, RESTRUCTURATION DE LA DETTE ET LIQUIDITÉ: RESULTATS DE L’INITIATIVE AAV

Publié le: 11/01/24

Par: Nesrine Hadj Arab,  Martin Kessler,

Ce post a été rédigé en collaboration avec les groupes de réflexion participant à l'initiative "Amplifier les voix africaines" et publié conjointement.

L'initiative Amplifying African Voices a été lancée l'année dernière par ACET et FDL avec deux objectifs en tête : fournir un espace de discussion pour les instituts politiques africains sur les questions clés concernant le financement du développement en Afrique, inviter les décideurs politiques à éclairer ces discussions, et générer de nouvelles recherches de la part des institutions africaines. La réunion de décembre a permis de faire le point sur les recherches menées dans le cadre de l'initiative à différents stades : déjà publiées et en cours. Elle a permis aux participants de partager des diagnostics, de comparer différents pays et situations, et de proposer des solutions communes pour l'avenir.

Un cadre inclusif pour les pertes et dommages.

Beverly Musili , anciennement au Kenya Institute for Public Policy Research and Analysis (KIPPRA), a présenté son son raport pour FDL, qui découle de la deuxième réunion de l'AAV,qui a eu lieu immédiatement après l'accord sur le principe du fonds pour les pertes et dommages (L&D) lors de la COP 27 à Sharm-El-Sheikh, en Égypte. Le document retrace l'histoire de la L&D, mais aussi ses interprétations divergentes. Il met en évidence les difficultés liées à la prise en compte des pertes non économiques, qui sont souvent celles supportées par les populations vulnérables.

Lors d'une discussion sur le document juste après la COP 28 à Dubaï, Mme Beverly a insisté sur la nécessité d'une transition équitable vers l'abandon des combustibles fossiles, en tenant compte de l'utilisation historique des ressources par les pays développés, et en faisant correspondre la disponibilité des financements au rythme attendu des pays africains. Elle a également mis en garde contre une confiance excessive dans les solutions purement technologiques. La discussion a ensuite mis l'accent sur l'utilité de ces recherches : les négociations sur les pertes et dommages ne doivent pas se limiter à "signer des chèques", mais aussi à demander comment l'argent sera dépensé. Les subventions sont rares - comment les utiliser au mieux ? Une telle recherche, si elle est bien reliée aux processus régionaux tels que le Sommet africain sur le climat en septembre 2023, pourrait aider à formuler des questions pratiques.

Retour à l'endettement:

  • Le cas de la Zambie:

Le deuxième papier présenté lors de la réunion de l'AAV du 13 décembre était un rapport sur la manière dont la Zambie s'est à nouveau endettée et sur les leçons à en tirer pour les autres pays en développement. Le rapport a été rédigé conjointement par ZIPAR et FDL. Les choix politiques des années 2010, ainsi que le durcissement des conditions de prêt, ont mis la Zambie sur une voie fragile jusqu'à ce que le choc COVID conduise à un défaut de paiement inévitable.

Au cours des discussions, d'autres questions ont été soulevées : comment rendre la dette plus transparente à l'avenir, en Zambie et dans d'autres pays ? Comment pouvons-nous nous assurer que ces choix financiers essentiels sont responsables devant le parlement ? La prochaine étape de la recherche se concentrera sur le processus de restructuration et ses conséquences.

The comparative evolution of general government debt in Zambia and SSA
The comparative evolution of general government debt in Zambia and SSA
  •   Le cas du  Kenya :

La troisième présentation a mis en lumière une recherche en cours, qui sera publiée prochainement. Elle examine le cas du Kenya et la pression croissante du service de la dette ainsi que les défis liés au changement climatique en 2023, en particulier dans le secteur de l'agriculture. Daniel Omanyo, analyste politique à KIPPRA, a présenté des recherches sur l'augmentation de la dette publique, qui atteint 70 % du PIB, et sur le coût croissant du service de la dette, qui absorbe 15,8 % des recettes du Kenya. Le défi imminent d'un paiement de 2 milliards de dollars d'euro-obligations en juin 2024 est particulièrement préoccupant. La discussion a porté sur les options politiques liées au montant du financement officiel disponible en 2024 et sur les risques de dépréciation du taux de change.

 Composition of public debt in Kenya
Composition of public debt in Kenya

L'intervenant, Professor Babacar Sène, Professeur à l'Université Cheikh Anta Diop (Sénégal), a souligné le contexte plus large d'une vague imminente d'euro-obligations souveraines africaines et a suggéré des sources de financement alternatives telles que l'émission d'obligations en Chine par exemple (comme ce fut le cas pour l'Égypte), en utilisant les garanties des BMD, tout en améliorant la capacité de gestion de la dette.

Conclusion

Dans les mois à venir, l'initiative AAV aidera les instituts politiques africains à tester et à affiner leurs idées et à partager leurs points de vue sur le financement du développement avec d'autres instituts politiques. Grâce à ces discussions, les décideurs politiques de la région pourront bénéficier d'une recherche et de propositions politiques convaincantes.