GERER LA NOUVELLE VAGUE DE SURENDETTEMENT

Publié le: 17/01/23

Par: Martin Kessler, 

Une initiative conjointe entre l'Association économique internationale (IEA) et le Finance for Development Lab, codirigée par Reza Baqir (HKS), Ishac Diwan (FDL) et Dani Rodrik (IEA et HKS).

The initiative proposes to explore how to improve debt restructuring negotiation processes by both evaluating in real time “deals” as they get struck, and by discussing some of the ongoing global initiatives that can affect these deals, such as efforts to improve the G20 initiated Common Framework for debt negotiations, scale up green finance, and improve the performance of IFIs.

L'initiative propose d'explorer comment améliorer les processus de négociation autour de la restructuration de la dette en évaluant en temps réel les « accords » au fur et à mesure qu'ils sont conclus, et en discutant de certaines des initiatives mondiales en cours pouvant impacter ces accords, tels que les efforts visant à améliorer le Cadre Commun initié par le G20 pour les négociations sur la dette, intensifier la finance verte et améliorer la performance des IFI.

UN CADRE D'ÉVALUATION DES PAckages D'AJUSTEMENT ÉCONOMIQUE ET DE RESTRUCTURATION DE LA DETTE

Gravement touchés par une série de chocs négatifs depuis 2019 et de plus en plus fermés aux marchés des capitaux, de nombreux pays en développement (PED) risquent de sombrer dans une crise de la dette. L'architecture financière mondiale actuelle réagit aux crises de la dette par la négociation de packages complexes qui incluent le pays débiteur, les institutions financières internationales (IFI) et les créanciers extérieurs. Le débiteur doit promettre de « s'ajuster » ; les IFI doivent accorder de nouveaux prêts et appliquer la conditionnalité ; et les créanciers doivent accepter un certain montant de réduction de la dette et du service de la dette. Les parties nationales comptent également : les détenteurs d'obligations ou les syndicats, par exemple, essaient de protéger leurs intérêts. Le processus de négociation entre ces parties prenantes peut être long, impliquant des jeux nationaux et mondiaux, chacun essayant de faire supporter aux autres les coûts de l'ajustement.

Dans cet article, nous examinons comment les divers aspects de tels programmes d'ajustement et de restructuration de la dette peuvent être évalués de manière cohérente. Un traitement unifié de ces packages nous permet de mettre en évidence des questions importantes qui ont tendance à être moins évidentes lorsqu'on les étudie isolément, telles que :

  • Pourquoi les PED ont-ils besoin de conditionnalités pour mettre en œuvre des réformes qui leur sont bénéfiques ?

  • Qu'est-ce qui convainc les anciens créanciers d'alléger la dette ?

  • Quelle est la relation entre le montant des nouveaux prêts et l'ampleur de la réduction de la dette ?

  • Dans quelles circonstances les IFI peuvent-elles conclure de tels accords et quel partage des charges exigeraient-elles ?

  • Qu'implique le contexte mondial actuel pour la conception de packages d'allégement de la dette et de croissance ?

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Dans un article précédent, deux d'entre nous avaient développé un cadre clarifiant les liens entre les restructurations de dettes, les nouveaux prêts, la conditionnalité, les réformes et le partage des charges (Diwan et Rodrik 1992). Les nouvelles opportunités de croissance jouent un rôle central dans ce cadre pour faciliter les accords entre les nombreuses parties prenantes impliquées. Tirer parti de ces nouvelles opportunités nécessite de nouveaux financements, mais aussi de la conditionnalité, une réduction de la dette et un partage équitable des charges. Alors que nous nous lançons dans une nouvelle vague de restructuration de la dette, il est nécessaire de mettre à jour certains des éléments de ces grands accords et de les adapter aux nouvelles réalités mondiales. Cela est en partie lié à la nature des opportunités de croissance, qui incluent désormais l'adaptation au changement climatique, mais aussi d'autres développements tels que la démondialisation, la numérisation et la disparition probable du modèle de croissance axé sur les exportations.

Les réformes nécessaires nécessitent une grande quantité de nouveaux financements. Dans le contexte actuel, de nouveaux flux doivent émaner tôt des IFI, mais le secteur privé devrait être en mesure de fournir rapidement après des flux, les IFI jouant un rôle de facilitateur et de soutien.

La nature de la conditionnalité devra être ajustée à la nature de long terme des réformes envisagées ainsi qu'aux opportunités de croissance réduites. Étant donné que le surendettement actuel limite les nouveaux prêts, il sera nécessaire de le supprimer en réduisant la dette. L'hétérogénéité des créanciers soulève de nouvelles questions sur la manière de partager équitablement la charge de la restructuration de la dette. Ces considérations mettent également au premier plan certaines des discussions en cours sur la manière d'améliorer le processus de croissance des pays en développement, de faire fonctionner le cadre commun lancé par le G20 pour la résolution du surendettement, d'intensifier la finance verte et d'améliorer la performance des IFI.

Dans le reste de cet article, nous décrivons un modèle général des accords à trois entre un pays débiteur, les IFI et les anciens créanciers ; examinant quel type de gains d'efficacité peut faciliter la conclusion de transactions dans l'environnement actuel ; discutant de la nature et des limites des possibilités de croissance; examinant les enjeux de la gestion de la conditionnalité dans un tel environnement ; discutant des implications pour les ressources financières des IFI; et aboutissant à des considérations de partage des charges. Une brève conclusion résume les principales implications politiques de l'analyse.