Explorer les options possibles à travers la comparabilité des traitements et les nouveaux prêts
PAR ISHAC DIWAN, BRENDAN HARNOYS-VANNIER et Martin Kessler
Plusieurs pays à faible et moyen revenu ayant accès aux financements concessionnels de la Banque mondiale négocient actuellement un programme de restructuration de leur dette qui implique un partage des pertes entre les différents créanciers. L'objectif de cette note est d'estimer l'ampleur de ces pertes, au stade actuel de la crise de la dette, et d'étudier la manière dont elles peuvent être réparties entre les différents types de créanciers.
Nous étudions comment le système des BMD peut jouer un rôle plus important dans ce contexte. Il a été suggéré de remettre en question le statut de créancier privilégié des BMD. Dans cet article, qui se concentre sur le rôle de l'IDA, nous proposons plutôt de considérer sa participation dans l'octroi de nouveaux prêts et d'estimer une enveloppe potentielle. Nous commençons par identifier les pays qui nécessitent une restructuration de la dette et estimons le montant de la réduction de la dette nécessaire pour les ramener sur une trajectoire viable. Dans un second temps, nous répartissons les contributions financières entre les créanciers. L'un des points important de cet article est de proposer des alternatives à la comparabilité de traitement : d'une part à travers la réduction proportionnelle des créances en valeur actuelle, et d'autre part en demandant une contribution plus élevée aux prêteurs non concessionnels.
En se concentrant sur les 73 clients de l'IDA, nos résultats montrent que selon un ensemble d'hypothèses simples, 19 à 23 pays devront avoir recours à une sorte de restructuration de la dette pour ramener la valeur actuelle de la dette publique à des niveaux soutenables. La valeur nominale totale de la dette varie entre 230 milliards de dollars et 374 milliards de dollars, et nous estimons que la réduction totale nécessaire en valeur actuelle se situe entre 31 et 76 milliards de dollars. Ce sont des chiffres importants mais gérables. La question clé est donc : comment répartir ces pertes ? En termes d'encours, les BMD sont le plus grand groupe de créanciers, suivis du secteur privé et de la Chine, mais leurs prêts sont beaucoup plus concessionnels. Comment ces caractéristiques peuvent-elles être prises en compte ?
Nous procédons à un calcul de la répartition du fardeau de la réduction de la dette, y compris la part de l'IDA, selon deux règles différentes de comparabilité de traitement, ces dernières visant à garantir que tous les créanciers participants soient traités de la même manière. Une interprétation traditionnelle de ce terme vise à appliquer des décotes entre les créanciers sur la base de la répartition de la valeur actuelle de leur dette. Tout en acceptant ce raisonnement, nous estimons toutefois qu'il est insuffisant, en particulier dans le contexte des pays les plus pauvres où la part des dons parmi les créanciers est très large.
Nous développons donc une nouvelle règle équitable pour la comparabilité de traitement, qui nous semble nécessaire lorsque les pays ont obtenu des prêts avec un large niveau de concessionnalité. L'objectif est d'égaliser le niveau de concessionnalité après la restructuration de la dette, demandant ainsi des pertes plus importantes aux prêteurs moins concessionnels.
Dans ce scénario, quelles seraient les contributions financières appropriées de l'IDA ? Nous estimons que le soutien à ses clients avec de nouveaux flux nécessiterait une allocation de crédit supplémentaire de 1,5 milliard de dollars par an au cours des trois prochaines années dans le cadre d'un scénario de "partage équitable des charges", un effort gérable, équivalent à 20 % du scénario normal d'allocation par pays.